MEMOIRES D’ENFANCES EXILEES – L’Exposition

L’histoire dite des « Enfants de la Creuse » nous ramène quelques cinquante ans en arrière quand des enfants réunionnais ont été transplantés dans 83 départements (dont 10% dans la Creuse) par les autorités françaises au prétexte de repeupler les départements ruraux métropolitains et d’apporter une solution à la pauvreté et à la surpopulation de l’Ile de la Réunion.

Entre 1963 et 1984, ce sont donc quelques 2015 mineurs réunionnais qui ont été transplantés par les services sociaux de La Réunion en métropole. Déclarés pupilles de la nation, beaucoup avaient en réalité des parents à qui les services sociaux ont fait signer des déclarations d’abandon de leur propres enfants. Les parents sont la plupart du temps illettrés et font partie des familles les plus pauvres de l’Ile. A cause de ce mensonge institutionnalisé certains enfants ne reverront jamais leur île alors qu’ils étaient supposés partir étudier en France et revenir régulièrement pour les vacances…
Comment ces personnes qui ont aujourd’hui entre 50 et 70 ans – pour celles qui ne sont pas décédées ou qui ne se sont pas suicidées – tiennent-elles debout ?
Comment les plus jeunes qui ont été exilés au milieu des années 70 afin d’être adoptés en métropole dans des familles qui la plupart du temps se sont montrées aimantes, ont-ils découvert leurs origines et retrouver des membres de leur famille biologique ?
Comment se passent les retrouvailles avec les membres de leur famille biologique que certains rencontrent pour la première fois en France métropolitaine ou à La Réunion ?
En avril 2018, une commission parlementaire a rendu un rapport d’étude au Ministère des Outre-Mer précisant que sur les 1800 ex-mineurs réunionnais aujourd’hui vivants, seules 150 personnes sont connues et savent qu’elles font partie de cette politique de migration forcée. Il est fort probable que la grande majorité des 1650 autres personnes ne se manifestent pas tout simplement parce qu’elles méconnaissent leur statut…La reconstruction de cette page de l’histoire de France ne ferait-elle ainsi que commercer ?