COTE OUEST – Une histoire d’Insubmersibles
Portrait d’un territoire et de ses habitants menacés par l’érosion côtière
Découvrir la côte ouest de Vias c’est faire l’expérience de l’insularité tout en ne quittant pas le continent.
Tout à la fois bastion des adeptes de la décroissance, refuge pour les moins fortunés et amoureux de la nature, ses habitants ont décidé de vivre autrement. Ville balnéaire de l’Hérault, voisine du célèbre Cap d’Agde, Vias est séparée en deux par un fleuve, Le Libron, qui en venant se jeter dans la Méditerranée sépare la commune en une côte Est, urbanisée et touristique et une côte Ouest, naturelle et sauvage occupée par des campings et des terrains de loisirs sur lesquels sont installés des habitats légers (mobil-home et caravanes) et quelques petites maisons en dur. C’est de cette Côte Ouest là, s’étendant sur plus de 400 hectares, dont il est ici question.
Il faut remonter aux années 60 et à la mission Racine (aménagement touristique du littoral du Languedoc-Roussillon) pour appréhender l’insolite de ce lieu sur lequel les viticulteurs dédommagés par l’Etat français ont arraché leur vigne. L’espace devait alors rester vierge de toute habitation. Mais les viticulteurs ont vendu leur terre, divisées en parcelles de 300 mètres carré sur lesquelles les riverains d’aujourd’hui sont installés. Quelques 500 familles y vivent à l’année, tandis que l’été, la population est estimée à 30 000 personnes en comptant les campings. La Cote Ouest de Vias c’est aussi un millefeuille de zones administratives compromettant la longévité de l’habitat sur ce territoire : zone naturelle, zone rouge pour les inondations, Zone d’activité différé permettant les préemptions de terrains, secteur dit de cabanisation. Enfin, l’endroit est menacé de submersion marine en raison notamment du problème insoluble de l’érosion de son littoral. L’ensemble du territoire est ainsi sous le coup du Recul stratégique du Trait de côte et la question de la Recomposition spatiale (autrement dit, de la relocalisation des riverains) est devenue récurrente depuis maintenant plus de 20 ans. Ce sont donc toute une communauté, un mode de vie et des habitats de tout acabit qui seraient en sursis.
Alors, on peut se demander s’il n’y aurait pas là une contradiction virant à l’absurde face à cette potentielle disparition programmée quand aujourd’hui, la lutte contre le dérèglement climatique nous impose de limiter l’artificialisation des sols pour reconquérir des espaces plus naturels et que les habitations légères comme les mobil-homes représentent de solides alternatives au problème du mal logement ? A Côte Ouest la bétonisation n’est pas en cours, à l’inverse du littoral voisin, de ses promenades de bord de mer amenagées et de ses immeubles occupés seulement quelques mois dans l’année. Bien au contraire, Côte Ouest s’impose comme une sorte de territoire alternatif où tout habité qu’il soit, la biodiversité peut s’y épanouir.